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07.11.2017

300 manifestants pour dire NON au projet de ferme de 4000 bovins à Digoin (71)

07.11.2017 -
Ce 7 novembre, la Confédération paysanne a rassemblé 300 citoyen-ne-s et paysan-ne-s contre un projet de centre d'allotement géant en Saone et Loire. Dans le même temps, le commissaire enquêteur a donné un avis négatif au projet.

Il y avait bien du monde dans les rues de Digoin, en Saône-et-Loire, le 7 novembre. Nous étions 400 manifestants à défiler dans la ville à l'appel de la Confédération paysanne contre un projet de ferme-usine qui inquiète tant les paysannes et les paysans du Charolais que les riverain·es concerné·es : « L'élevage charolais, c'est la qualité, les 4000 bovins, c'est la brader ! »

Selon la demande d'autorisation adressée à la préfecture par l'éleveur porteur du projet, celui-ci consiste à « accueillir des bandes de jeunes bovins pour mise en quarantaine sanitaire durant cinq semaines avant d'être exportés vers des centres d'engraissement en France ou à l'étranger », notamment vers les « pays du Maghreb et la Turquie ». A terme, on pourra compter sur le site jusqu'à « 3910 bovins en préparation à l'exportation », en plus du troupeau existant de 320 vaches allaitantes et 240 bovins à l'engraissement.

« Depuis des années, le monde agricole se construit dans une fuite en avant. Il faut toujours plus de vaches, plus de terrains, plus d'hectares pour pouvoir vivre de moins en moins bien, a dénoncé Laurent Pinatel, le porte-parole national de la Confédération paysanne. Il faut arrêter d'avoir des œillères. Il faut se dire que le système agricole dans lequel on s'est inscrit jusqu'à maintenant est un système du passé qui n'a pas d'avenir. »

Dans un communiqué publié la veille de la manifestation, la confédération paysanne motivait son combat contre un « centre d'allotement géant, faisant suite logique à l'industrialisation des élevages et des abattoirs ». La Confédération paysanne y dénonce une « stratégie du tout export qui rémunère mal les paysans » : « Non seulement ce projet ne répond en rien aux manques de revenu et de reconnaissance des paysannes et des paysans, mais en plus il pourrait provoquer des dégâts environnementaux importants qui nuiront à l'image qualitative de l'élevage charolais ».

Fort de la belle mobilisation locale, les manifestant·es se séparaient avec l'annonce d'une bonne nouvelle : ce même 7 novembre, le projet recevait un avis défavorable du commissaire enquêteur. Celui-ci a relevé des « manquements au dossier qui nécessitent de nombreuses reprises », dont une « absence d'étude économique fiable ».  Le préfet devrait se prononcer « dans les trois mois [...] soit jusqu'au 6 février 2018 », délai qui peut être prolongé de deux mois si nécessaire. 

 

Pourquoi la Confédération paysanne s'y oppose ?

 

4000 bovins dans le but de conquérir le monde ! Voici la nouvelle invention des promoteurs de l'industrialisation de l'agriculture pour la viande bovine. Chine, Maroc et bientôt la lune, ils nous promettent une agriculture industrielle qui s'exporte partout dans le monde.

La Confédération paysanne s'oppose à ce projet, qui contribue à enfermer les éleveurs bovins dans un modèle qui a déjà conduit nombre d'entre eux au désastre. Le projet ne semble pas être en mesure de respecter les réglementations, pourtant de moins en moins contraignantes, qui incombent aux fermes-usines. Mais surtout, il contribue à engager encore plus nos fermes vers un mirage exportateur qui n'a jamais renfloué nos trésoreries, n'a jamais amélioré la transmissibilité de nos outils de travail et n'a jamais stabilisé nos revenus. Les exportations vers le Maghreb et la Turquie représentent certes des opportunités de marché, mais celles-ci restent extrêmement volatiles et leur bénéfice économique revient avant tout aux intermédiaires. Quant aux envois de broutards vers la Chine, ils sont tout simplement interdits.

La filière charolaise est en crise structurelle depuis vingt ans ! A l'heure où nous, éleveurs, subissons des attaques des plus virulentes de groupe anti-spécistes, est-ce avec ce genre de projet que nous allons renforcer l'image qualitative de l'élevage charolais ? Pour la Conf, la réponse est clairement non ! Ce centre d'allotement géant, suite logique à l'industrialisation des élevages et des abattoirs, n'est que de la poudre aux yeux des éleveurs !

Seule une véritable politique de régulation de la production, combinée à l'adéquation de l'offre à la demande intérieure et à l'interdiction de l'achat des productions agricoles en-dessous de nos coûts de production, permettra de redonner un véritable revenu aux éleveuses et éleveurs de vaches allaitantes.

NOUS CONTACTER Confédération Paysanne de Bourgogne-Franche-Comté
Maison de l'Agriculture 1 rue des Coulots 21110 BRETENIERE, 06 31 59 85 38, bfc[at]confederationpaysanne.fr