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COMMUNIQUE DE PRESSE

Un revenu digne pour TOUS les paysans et paysannes de Haute-Saône et d’ailleurs

29.01.2024
Les mobilisations de paysannes et paysans en France et en Europe sont le symptôme d'une crise profonde de la rémunération de notre profession. La colère partie du Sud-Ouest a gagné tout le territoire jusqu'en Haute-Saône, où des blocages sont en cours.
Le malaise est d'autant plus fort que les paysannes et paysans ont le sentiment de se faire berner depuis des dizaines d'années, victimes des politiques économiques ultralibérales menées par l'Etat et l'Union Européenne, en cogestion avec la FNSEA* au niveau national et le COPACOGECA au niveau européen. Et ils ont raison !
Les accords de libre-échange se multiplient, entrainant une mise en concurrence intenable avec des pays qui n'ont ni les mêmes salaires, ni les mêmes normes que nous. Mais à la Confédération paysanne, plutôt que de vouloir autoriser des produits dangereux pour notre santé ainsi que celle des consommateurs, ou de vouloir payer nos salariés au prix des ouvriers d'autres pays, nous voulons sortir de cette crise systémique par le haut !
C'est le libre-échange qui place dans une concurrence intenable et néfaste les agricultures du monde entier. Nous ne pouvons pas produire sans la nature – ou pire, contre elle –, et cela suppose une autre orientation agricole en France comme en Europe, valorisant les pratiques et le nombre de paysans.
Alors que la grogne s'accentue sur les territoires, la confédération paysanne 70 met en garde contre deux mirages proposés au monde paysan par le gouvernement et d'autres syndicats agricoles, mirages qui servent à cacher les réelles causes de cette situation :
 Le mirage d'une "suppression des normes" qui résoudrait tous les problèmes. La réelle problématique est notre revenu paysan, pas l'existence de normes. Même si nombre d'entre elles sont en effet inefficaces ou inadaptées (biosécurité pour l'élevage de volailles plein air par exemple), supprimer toutes les normes s'inscrit dans la logique de compétitivité prônée par la FNSEA*, celle-là même qui sert par la suite à justifier la poursuite du libre-échange et la mise en concurrence des paysans du monde entier ;
 Le mirage d'un revenu complémentaire issu de la production d'énergies. La FNSEA* négocie sans cesse pour récupérer des avantages sur les agrocarburants, la méthanisation et l'agrivoltaïsme - bien plus rente foncière que complément de revenu. Les effets pervers du développement de ces énergies sur les terres agricoles sont innombrables.
 
La confédération paysanne 70 demande solennellement au Président de la République Emmanuel Macron des mesures concrètes et immédiates :
o Plus de protection sociale et économique : en Franche comté, ce sont bien dans les zones d'appellation, où le cahier des charges impose des règles commerciales et environnementales pour encadrer la production, que la valorisation du travail des paysans et paysannes est préservée ;
o L'arrêt définitif des négociations de l'accord de libre-échange UE*-Mercosur*, un moratoire sur tous les autres accords commerciaux en négociation et un réexamen de tous les accords en vigueur, concernant la concurrence déloyale engendrée par cette politique de libre-échange, y compris au sein de l'Union Européenne. Pour protéger nos productions, il faut pouvoir mettre en place un prix minimum d'entrée sur le territoire national. La priorité doit être la construction de mécanismes de régulation des marchés : les produits agricoles ne peuvent continuer à être traités comme n'importe quelle autre
marchandise ;
o Une loi interdisant strictement l'achat de nos produits agricoles en dessous de leur prix de revient. L'inflation explose pour tout un chacun, mais nos prix d'achats actuels eux ne font que baisser ! D'après le FMI, la hausse des bénéfices des entreprises du secteur agroalimentaire représente près de la moitié de l'augmentation des prix en Europe au cours des 2 dernières années1 ;
o Un accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux.
 
Certes, une simplification administrative est nécessaire car beaucoup de procédures administratives et de normes sanitaires sont inadaptées à la réalité de nos fermes. Mais ne nous trompons pas de cible. La demande de la majorité des agriculteurs et agricultrices qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et
de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux.
Nous tenons également à mettre en garde contre l'extrême-droite qui instrumentalise les difficultés des agricultrices et agriculteurs. Rappelons simplement qu'en novembre 2023, la majorité du groupe parlementaire d'extrême droite au Parlement Européen a voté pour l'accord de libre-échange entre l'UE* et la Nouvelle-Zélande.
L'heure est à un grand changement de direction ! Pas de pays sans paysannes et paysans!
Nombreux et rémunérés !
 
Contact : Marc Allemand (Porte-parole) : 06 83 35 08 00
1https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2023/06/26/europes-inflation-outlook-depends-onhow-corporate-profits-absorb-wage-gains

Contacts :
NOUS CONTACTER Confédération Paysanne de Bourgogne-Franche-Comté
Maison de l'Agriculture 1 rue des Coulots 21110 BRETENIERE, 06 31 59 85 38, bfc[at]confederationpaysanne.fr